Économie Mines

Le gouvernement annonce l’interdiction de l’exportation de manganèse brut d’ici 2029

Le gouvernement gabonais a décidé de franchir un nouveau cap dans sa stratégie de valorisation des ressources naturelles. À compter du 1er janvier 2029, le pays interdira l’exportation de manganèse brut, a annoncé le ministre des Mines, Michel Ngoma, lors d’une conférence de presse lundi à Libreville.

Un virage industriel assumé

Cette mesure, saluée par certains analystes comme une avancée vers une transformation structurelle de l’économie gabonaise, vise à stimuler le développement d’industries locales de transformation. « Nous ne voulons plus être de simples exportateurs de matières premières. Le Gabon veut créer de la valeur sur son territoire », a déclaré le ministre.

Le manganèse est l’un des principaux produits d’exportation du Gabon, deuxième producteur mondial derrière l’Afrique du Sud. Il est principalement utilisé dans la fabrication d’acier et de batteries. En 2024, le pays a produit plus de 8 millions de tonnes de minerai, dont plus de 90 % ont été exportées à l’état brut.

Réactions contrastées

Le groupe français Eramet, principal actionnaire de la Comilog – le plus grand exploitant de manganèse au Gabon – a réagi avec prudence. Dans un communiqué, l’entreprise s’est dite « disposée à accompagner les autorités gabonaises dans ce virage stratégique », tout en appelant à « un dialogue constructif pour assurer la faisabilité technique et économique de cette transition ».

Des économistes saluent l’initiative mais appellent à la prudence. « La transformation locale est souhaitable, mais elle nécessite des infrastructures, une énergie fiable, et un environnement des affaires stable. Sinon, cela risque de ralentir les exportations sans pour autant créer les emplois espérés », explique Clémence Ndong, analyste à Libreville.

Enjeux économiques et sociaux

L’État espère que cette décision permettra la création de milliers d’emplois directs et indirects dans le secteur industriel. Des projets de construction d’usines de traitement de manganèse sont déjà à l’étude à Franceville et Moanda, selon des sources gouvernementales.

Mais plusieurs syndicats de mineurs ont exprimé leur inquiétude face à un possible ralentissement de la production à court terme. « Si les usines ne sont pas prêtes à temps, cela pourrait impacter nos emplois », prévient Jonas Mba, représentant syndical.

Un test pour la politique de diversification

Depuis le renversement du régime d’Ali Bongo en 2023, les nouvelles autorités gabonaises, dirigées par le président Brice Oligui Nguema, affichent leur volonté de réduire la dépendance du pays au pétrole et d’accélérer la diversification économique.

L’interdiction de l’exportation du manganèse brut pourrait devenir un symbole de cette nouvelle ère industrielle – ou un défi majeur si les investissements attendus ne se concrétisent pas dans les délais.

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