L’économie gabonaise a enregistré une croissance de 2,9 % en 2024, soutenue par une hausse de la production pétrolière et une reprise progressive des investissements publics, indique la Banque mondiale dans sa Note de conjoncture économique 2025, publiée le 26 juin dernier.
Ce chiffre, bien que modeste, marque une amélioration par rapport à 2023, année marquée par des tensions politiques, une baisse de la demande extérieure et une inflation persistante.
Une reprise fragile, portée par le pétrole
La croissance a été principalement tirée par l’augmentation de la production pétrolière, qui reste le moteur de l’économie gabonaise. Le secteur extractif, notamment les hydrocarbures, a bénéficié d’une stabilisation des cours internationaux et de la remise en service partielle de certaines installations après les incertitudes de la transition politique entamée en août 2023.
Cependant, la dépendance structurelle au pétrole rend le pays vulnérable à la volatilité des marchés mondiaux. « La croissance reste trop étroite et concentrée », avertit la Banque mondiale, qui appelle à une transformation profonde du modèle économique.
Inégalités persistantes et pauvreté tenace
Malgré cette croissance, les effets sur les conditions de vie restent limités. Le rapport souligne que la pauvreté et les inégalités sociales demeurent préoccupantes, en particulier dans les zones rurales. Plus de 30 % des Gabonais vivent toujours en dessous du seuil national de pauvreté, selon les dernières données disponibles.
Le chômage des jeunes et la faiblesse des infrastructures de base, notamment dans l’éducation et la santé, continuent de peser sur les perspectives d’inclusion.
Réformes structurelles urgentes
Face à ces défis, la Banque mondiale insiste sur la nécessité de réformes structurelles profondes pour consolider la reprise économique. Parmi les priorités recommandées :
- diversifier les sources de croissance, en misant sur des secteurs porteurs comme l’agriculture, l’économie numérique, le tourisme et les services ;
- renforcer la gouvernance économique, notamment la transparence budgétaire et la lutte contre la corruption ;
- améliorer l’environnement des affaires pour stimuler l’investissement privé national et étranger ;
- mieux encadrer la gestion de la dette publique, afin d’assurer la soutenabilité budgétaire à moyen terme.
Le rapport salue toutefois les premiers signes de discipline budgétaire initiés par les autorités de la Transition, notamment la réduction des dépenses de fonctionnement et la révision des exonérations fiscales.
Un tournant à confirmer
Selon des analystes basés à Libreville, cette croissance reste insuffisante pour enclencher un véritable changement de cap. « Le Gabon a le potentiel pour sortir de la dépendance au pétrole, mais cela demande une volonté politique forte et des investissements soutenus dans les infrastructures humaines et matérielles », commente un économiste local.
La Banque mondiale appelle donc le gouvernement gabonais à transformer l’élan actuel en stratégie durable, en capitalisant sur les réformes engagées durant la Transition et en renforçant les mécanismes d’inclusion sociale.