Société

La présidence répond aux prises de parole de Sylvia Bongo et Noureddin Valentin

La présidence gabonaise a réagi avec fermeté, mardi 2 juillet, aux récentes déclarations publiques de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Bongo Valentin, tous deux inculpés dans plusieurs affaires judiciaires et placés sous liberté provisoire depuis le 16 mai dernier. Dans un contexte politique toujours marqué par la transition post-Bongo, ce nouvel épisode alimente les tensions et divise l’opinion.

Une sortie jugée « stratégique »

C’est par la voix de Théophane Junior Nzame-Nze Biyoghe, porte-parole de la présidence, que le pouvoir en place a exprimé son « étonnement » face à la prise de parole des deux anciens dignitaires.

« Les deux inculpés auraient pu employer leur temps à la préparation de leur défense dans l’attente de leur procès, mais ont préféré s’illustrer par ce qui pourrait s’apparenter à une stratégie de diversion et de brouillage judiciaire », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Libreville.

Selon le gouvernement, cette initiative médiatique s’inscrit dans une tentative de reconquête de l’opinion publique, alors même que le dossier judiciaire, toujours en instruction, repose sur des accusations graves.

Des chefs d’inculpation « très lourds »

La liste des accusations retenues à l’encontre de l’ancienne Première dame et de son fils est particulièrement longue :

  • Haute trahison contre les institutions de l’État,
  • Détournement massif de deniers publics,
  • Malversations financières internationales en bande organisée,
  • Faux et usage de faux,
  • Falsification de la signature du président de la République,
  • Corruption active.

Des charges que le pouvoir affirme vouloir traiter avec rigueur, dans le strict cadre légal.

« Ces chefs d’inculpation sont suffisamment graves pour mériter des réponses. Car les Gabonais ont droit à la vérité sur la gestion qui a été faite de l’État et de ses ressources sous l’ancien régime », a martelé M. Nzame-Nze Biyoghe.

Un procès très attendu

Alors que le procès des anciens dignitaires du régime Bongo est attendu dans les mois à venir, la présidence rappelle que la justice suit son cours, sous l’autorité des juridictions compétentes.

« Elle sera rendue au nom du peuple gabonais. Pas sur les réseaux sociaux, ni dans les médias, mais dans les prétoires de notre pays », a insisté le porte-parole.

Dans sa communication, la présidence affirme sa volonté de préserver la stabilité du pays tout en défendant la vérité, la justice et les droits fondamentaux.

Un climat politique sensible

Cette nouvelle sortie présidentielle intervient dans un climat politique encore fragile, près d’un an après la chute du régime d’Ali Bongo Ondimba. Les prises de parole des anciens membres du pouvoir sont suivies de près par une opinion publique divisée : certains y voient un droit légitime à la défense, d’autres une tentative de décrédibiliser le processus judiciaire.

Des organisations de la société civile ont récemment appelé à accélérer les procédures judiciaires et à porter certaines plaintes à l’international, notamment pour des faits présumés de crimes financiers et violations des droits humains.

Alors que le Gabon s’engage dans un nouveau cycle institutionnel, le procès à venir de Sylvia Bongo et de Noureddin Valentin s’annonce comme un moment de vérité sur plusieurs décennies de gouvernance controversée.