Le Gabon figure désormais au sommet d’un classement peu flatteur établi par l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa) : celui des pays où les taxes et redevances imposées aux passagers des vols internationaux sont les plus élevées d’Afrique. C’est ce que révèle l’étude Afraa Taxes and Charges Study Review 2024, rendue publique en juin dernier.
167 000 FCFA de taxes par billet international
Selon le rapport, les passagers embarquant à l’aéroport international Léon Mba de Libreville doivent s’acquitter en moyenne de 297,7 dollars, soit environ 167 000 francs CFA, en frais imposés par billet. Une somme qui place le Gabon devant des pays comme la Sierra Leone (294 dollars) et le Nigéria (180 dollars) dans le top 3 des États africains les plus chers en matière de fiscalité aérienne.
L’étude, qui passe en revue les niveaux de taxation dans les 54 pays africains, met en évidence de fortes disparités entre les régions et les types de vols. Alors que 13 pays dépassaient la barre des 100 dollars de frais en 2022, ils sont toujours 13 en 2024, signe que la situation reste tendue pour les voyageurs sur le continent.
Une pression qui pèse sur l’accessibilité du transport aérien
« Les coûts d’exploitation doivent baisser et les voyages doivent être abordables en Afrique », alerte l’Afraa dans ses conclusions. Dans un contexte de faible pouvoir d’achat sur le continent, l’organisation plaide pour une révision rapide des politiques fiscales appliquées au transport aérien, estimant qu’elles constituent un frein majeur au développement du secteur.
En matière de vols régionaux, le Gabon occupe également la deuxième place du classement, juste derrière la Sierra Leone. Un billet pour un vol intra-africain au départ du Gabon coûte en moyenne 260 dollars (145 000 FCFA) en frais et taxes, selon l’étude.
Le Gabon, sous le feu des critiques
Cette situation intervient alors que le gouvernement gabonais a récemment procédé à une révision controversée des taxes de sûreté aéroportuaire. Un arrêté du ministère des Transports, entré en vigueur le 1er juin 2025, a entraîné une hausse de 157 % de certaines redevances, suscitant une vague d’incompréhension dans le secteur.
L’Association internationale du transport aérien (IATA) a vivement réagi, dénonçant l’absence de concertation et une explosion injustifiée des coûts, susceptibles de compromettre l’attractivité du pays et la viabilité des compagnies aériennes opérant à Libreville.
Les bons et les mauvais élèves africains
À l’opposé du spectre, l’Afraa cite des pays comme la Libye, le Malawi, l’Algérie, le Maroc ou encore l’Afrique du Sud comme les plus abordables en matière de fiscalité aérienne. Des États à fort trafic qui, selon l’association, constituent des modèles d’équilibre entre rentabilité et accessibilité.
Sur l’ensemble du continent, 20 pays appliquent des taxes supérieures à la moyenne, et plus de la moitié imposent des frais de plus de 50 dollars par billet. Des montants qui, cumulés, limitent la mobilité des Africains sur leur propre continent et freinent l’intégration régionale.
Analyse : Une réforme fiscale incontournable pour dynamiser le ciel gabonais
Alors que le Gabon cherche à renforcer sa connectivité et à se positionner comme une plateforme régionale, cette étude révèle un écart préoccupant entre les ambitions affichées et la réalité économique du transport aérien. Dans un pays où les déplacements terrestres restent limités, l’aérien est vital — mais reste hors de portée pour une majorité de la population. Une réforme concertée et transparente des mécanismes de taxation s’impose si le pays veut favoriser la mobilité, attirer les compagnies internationales et relancer le tourisme.