Économie Hydrocarbures

Le Gabon mise sur l’exploration pétrolière en eaux profondes pour relancer son industrie énergétique

Le nouveau ministre gabonais du Pétrole et du Gaz, Son Excellence Sosthène Nguema, a lancé une ambitieuse stratégie axée sur l’exploration pétrolière en eaux profondes, dans le but de revitaliser la production nationale et de positionner le Gabon comme un futur hub énergétique en Afrique centrale.

Alors que 72 % des zones offshore profondes du pays restent encore inexplorées, le gouvernement entend réviser son code des hydrocarbures pour attirer de nouveaux investissements et inciter les compagnies pétrolières internationales à s’engager dans des projets à fort potentiel.

Une stratégie pour contrer la baisse de production régionale

Avec plus de 2 milliards de barils de réserves prouvées et un important potentiel gazier, le Gabon s’est fixé comme objectif de maintenir sa production au-dessus de 220 000 barils par jour à court et moyen termes. L’exploration en eaux profondes est appelée à jouer un rôle central dans la réalisation de cet objectif.

Adopté en 2019, le Code des hydrocarbures avait déjà apporté des réformes attractives. Le gouvernement actuel entend aller plus loin pour rendre l’environnement encore plus compétitif, notamment face à des destinations offshore concurrentes à l’échelle mondiale. Cela passe par des révisions des contrats de partage de production (CPP), une meilleure fiscalité pour les opérateurs étrangers et un partage plus équilibré de la rentabilité.

« L’exploration en eaux profondes est bien plus qu’un levier de production : c’est un moteur de transformation économique », affirme Verner Ayukegba, vice-président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie (AEC). « Le Gabon a le potentiel d’atteindre près d’un million de barils par jour si les investissements suivent. »

Des acteurs internationaux déjà actifs

Plusieurs compagnies ont récemment renforcé leur présence dans les eaux gabonaises :

  • BW Energy et VAALCO Energy ont signé en 2024 des contrats pour les blocs d’exploration Niosi Marin et Guduma Marin, avec un engagement à forer un puits et à mener une campagne sismique 3D.
  • Perenco, groupe français indépendant, a annoncé en début d’année 2024 une découverte significative dans le champ Hylia South West, riche en colonnes pétrolifères.
  • CNOOC, le géant chinois, a démarré des forages d’exploration sur les blocs BC-9 et BCD-10, estimant à 1,4 milliard de barils les ressources récupérables potentielles.

Malgré ces progrès, l’immense majorité des zones en eaux profondes du Gabon reste encore sous-explorée, offrant une opportunité stratégique pour les investisseurs.

Cap sur un hub pétrolier régional

Outre l’exploration, le Gabon veut devenir un centre régional de raffinage, de stockage et de distribution des produits pétroliers. Plusieurs projets structurants sont en cours :

  • Le terminal GNL de Cap Lopez, développé par Perenco, devrait entrer en production en 2026. Ce projet de 2 milliards de dollars vise à monétiser le gaz offshore à travers une unité flottante de liquéfaction (FLNG), capable de produire 700 000 tonnes de GNL et 25 000 tonnes de GPL par an.
  • L’installation Batanga LPG, mise en service fin 2023, a pour objectif de produire 15 000 tonnes de GPL annuellement.
  • L’unique raffinerie en activité, SOGARA, va être agrandie pour passer de 1,2 million à 1,5 million de tonnes de brut par an, afin d’atteindre l’autosuffisance en produits pétroliers raffinés d’ici 2030.

Parallèlement, les autorités ont décidé d’augmenter la capacité de stockage national des produits raffinés, en passant de 60 à 90 jours de consommation, pour mieux faire face aux pénuries.

Une gouvernance renforcée

Le ministère a également renforcé son partenariat avec la société nationale Gabon Oil Company (GOC), notamment en reprenant des actifs majeurs, comme Assala Energy, précédemment détenu par le fonds américain Carlyle.

Ces initiatives, soutenues par une politique de réformes réglementaires ambitieuses et une volonté affirmée d’impliquer les compagnies internationales (IOC), visent à restaurer la compétitivité du secteur et redonner au Gabon une place de choix sur la carte énergétique africaine.

Perspectives

Malgré un contexte international incertain et une forte concurrence, le Gabon mise sur son positionnement stratégique en Afrique centrale et sur ses vastes ressources offshore pour devenir un acteur majeur du pétrole et du gaz.

« À travers sa campagne d’investissement, ses réformes et sa collaboration ouverte avec les IOCs, le ministère du Pétrole est en train de repositionner le Gabon comme une destination de choix pour l’énergie », conclut Verner Ayukegba de l’AEC.